Les Bordeaux sont devenus hors de prix, personne ne prendra cette information comme un scoop. Les « grands » Bordeaux. Alors on se contente des petits. Des petits ? Je vous racontais récemment comment j’avais découvert le vignoble de Bordeaux par la veine du Saint-émilion. Mais vous savez comme moi qu’il existe ce que l’on appelle les périphériques : Montagne, Lussac, St Georges et Puisseguin. Si l’encépagement est très comparable à celui du prestigieux voisin, il en va tout différemment du relief, ce dernier devenant de plus en plus tourmenté au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la Dordogne. Il en résulte une grande diversité de terroirs et d’expositions qui, ajoutés à la diversité des vignerons, créé une mosaïque de vins dont au final, le seul lien solide reste l’encépagement. Trouver celui qui va vous convenir est alors une question de chance. Moi, j’en ai eu deux fois.
Le première fois, on arrivait de Pomerol, où on avait eu droit à une réception atroce. Pris de haut par une sorte de baronnet puant et malgracieux, on avait tourné les talons promptement devant sa bêtise et sa morgue – je tairai le nom de son domaine, mais je n’en boirai jamais. Vous pensez donc comme l’accueil chaleureux du château Bellevue, à Lussac, nous remit du baume au cœur. Il faut dire que Charles Chatenoud était un savoyard, égaré vers les années soixante-dix dans les vignobles du Libournais, qui avait courageusement endossé la mission de relancer Bellevue. À l’opposé des natifs du cru, il avait apporté de sa Haute-Savoie natale le respect de l’amateur et une jovialité à toute épreuve. Visite du domaine et surtout du chai – j’ai souvenir du conquet carrelé, à moins que je ne confonde – et partout une hygiène sans défaut, dégustation sans ostentation assortie d’explications techniques d’une grande franchise, son domaine nous avait conquis. Cela se passait dans le milieu des années quatre-vingt et nous étions repartis ravis et chargés. Mes copains habitant la région, j’ai bu du Château Bellevue chez eux pendant de nombreuses années. Aujourd’hui, Charles a laissé le manche à ses fils et le domaine passe en bio. À suivre avec attention.
La seconde fois, l’histoire est carrément rocambolesque et mérite à elle toute seule un développement – un peu arrangé tout de même, je le précise – que l’on trouvera par ailleurs si l’on suit le lien adéquat dans « les liens qu’on aime ». Il s’agit de château Corbin, à Montagne, François Rambeaud aux commandes. Regardez ses vignes, j’ai emprunté cette photo à son site – www.chateaucorbin.fr : celui-là, je le suis personnellement, depuis plus de trente ans…